TCHERNOBYL, FLASHBACK N°2
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Samedi 26 avril 1986
À 1h23, heure locale, tout s’accélère. Le système d’arrêt d’urgence qui permet la chute automatique des barres chargées d’absorber les neutrons et d’arrêter la réaction en chaîne est alors déconnecté et l’essai se poursuit malgré l’opposition de certains opérateurs. Tout se joue en quelques dizaines de secondes : la température augmente, la production de vapeur devient incontrôlable, le réacteur s’emballe. Les opérateurs tentent d’arrêter le réacteur en réinsérant les barres absorbantes mais la descente est trop lente et l’extrémité des barres, en graphite, accélère au contraire les réactions de fission.

À 1h23, l’explosion est si puissante qu’elle projette en l’air le couvercle du réacteur qui pèse pourtant 2 000 tonnes. Il retombe et s’encastre en position inclinée, laissant le cœur à l’air libre. Les tuyauteries sont arrachées, le réacteur n’est plus refroidi et entre en fusion. Deux ou trois secondes plus tard, une seconde explosion, encore plus violente, aggrave les destructions et projette 70 tonnes de combustible à l’extérieur de ce qui reste du bâtiment réacteur. Des quantités colossales de produits radioactifs sont propulsées dans l’atmosphère jusqu’à plus de 1 000, voire plus de 1 500 mètres. Pour la seule journée du 26 avril, les rejets ont été estimés à 450 millions de milliards de becquerels (450 PBq ou 450.1015 Bq).

Au contact de l’air, le graphite s’est enflammé. Les projections ont aussi provoqué une trentaine de foyers secondaires que les pompiers vont devoir combattre des heures durant. L’irradiation est intense et 29 pompiers décèderont dans les jours qui suivent.

À 3h du matin, les autorités soviétiques sont alertées : un accident est survenu à la centrale mais le réacteur est indemne. C’est la nuit. Personne, ou presque, n’a pris conscience de l’ampleur des dégâts. Le matin, les employés reprennent leur poste, la construction des réacteurs n°5 et 6 se poursuit ! À 10h, un employé reçoit l’ordre de monter sur l’un des toits afin d’examiner le bloc central. À son retour, ses supérieurs mettent en doute ses constats.

Pendant ce temps, le directeur de la centrale annonce aux habitants de Pripiat que l’accident est maîtrisé et que la situation est normale sur le plan radiologique. Tout au long de la journée, ils suivent de leurs fenêtres et de leurs balcons l’incendie qui fait rage à la centrale. Comme on peut le constater sur la photo ci-dessous (postérieure à l’accident), la centrale est toute proche : à seulement 3 km au sud-est. Des habitants s’installent sur un pont pour mieux suivre l’évolution de la situation. Plus tard, quand les décès s’accumuleront, il sera rebaptisé le « pont de la mort ».

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Pripiat est au nord-ouest du réacteur éventré : les vents dirigent directement vers la ville les rejets radioactifs. Alors qu’ils vaquent à leurs occupations habituelles, les habitants sont irradiés par tout un cocktail de radionucléides présents dans le panache sous forme de gaz et d’aérosols radioactifs. Ils se contaminent à chaque inspiration et certains ont probablement consommé des produits frais récoltés le jour même puisque les responsables leur ont certifié qu’il n’y avait aucun problème radiologique.

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Nous avons reproduit ci-dessous une image extraite d’une modélisation de l’IRSN. Datée de 2005 et mise en ligne en 2006, elle simule le déplacement des panaches radioactifs au-dessus de l’Europe entre le 26 avril et le 10 mai 1986.

Voir l’animation

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Le samedi au matin, les rejets colossaux liés aux explosions se répandent déjà sur une grande partie du Bélarus. En réalité, l’extension est encore plus vaste car l’activité minimale (code jaune) correspond à une activité de césium 137 comprise entre 10 et 100 millibecquerels par mètre cube d’air. Ces valeurs sont 10 000 et 100 000 fois supérieures à l’activité habituelle de ce radionucléide (contamination résiduelle liée aux essais nucléaires).
À 16h, les ministres de l’Énergie et de la santé s’envolent de Moscou pour la centrale. À 21h ils sont rejoints à Pripyat par le vice-président du Conseil des ministres de l’URSS, Chtcherbina. Au vu des niveaux d’irradiation, décision est enfin prise d’évacuer la ville. Dans le même temps, l’armée de l’air est appelée en renfort : des hélicoptères vont devoir charger du sable et le déverser sur le cœur du réacteur pour tenter d’étouffer l’incendie.

CRIIRAD 29 Cours Manuel de Falla 26000 VALENCE

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